Je suis toujours frappé par la difficulté psychologique qu’ont les étudiants sortant de bachelors à envisager une année de césure, après leur bachelor. Je ne parle même pas d’entrer définitivement dans la vie professionnelle, j’évoque ici une simple année de césure, souvent faite de stages consistants, éclairants pour la suite.
Etonnant ? Pas tant que cela.
La pratique de la césure est courante. Elle est devenu quasi-systématique dans les programmes grande école, avant la dernière année, de spécialisation. Dans certains établissements, comme Dauphine, elle est devenue un passage obligé pour intégrer les meilleurs M2, qui exigent des stages longs, impossibles à réaliser sans césure. Dans ces cas, la césure est pleinement acceptée, elle est très bien vécue par les étudiants. Sans doute parce qu’elle s’inscrit dans une trajectoire dessinée par l’établissement lui-même : un étudiant dauphinois sait qu’il devra passer par une césure, c’est demandé par Dauphine.
C’est une tout autre vision quand on sort totalement d’un programme, d’un établissement. Typiquement quand on est un étudiant diplômé d’un bachelor en trois ans. Envisager une année de césure, sans savoir de quoi sera faite l’année d’après, c’est faire un saut dans le vide. Difficile quand on a été sur les rails de l’enseignement depuis la petite enfance; difficile quand on voit ses camarades intégrer des masters. Il y a chez presque tous la peur de décrocher, de ne pas être repris, la peur de sortir.
N’ayant pas obtenu le ou les masters convoités après leur bachelor, trop d’étudiants se précipitent alors sur des programmes de masters en-dessous de leurs prétentions, juste parce qu’ils ont peur de ce vide académique d’un an.
Rationnellement, c’est une erreur. La césure est un choix toujours payant si l’on vise ensuite de bons masters. Si vous visez des top-programmes, il est toujours gagnant de faire un an de stages consistants. Pour vous convaincre :
Si vous n’avez pas été admis à la sortie du bachelor, c’est probablement que votre dossier était insuffisant sur un ou plusieurs plans. Une année de stages va compenser, ajouter de la valeur à votre dossier.
Vos concurrents sont en partie des personnes ayant des césures. De fait cela devrait vous rassurer.
De nombreux masters indiquent clairement qu’ils valorisent les césures. Les autres, sans l’indiquer, les valorisent pourtant presque toujours.
La rupture, pourtant ressentie, n’existe pas. Cette année de stage est dans la continuité de votre formation et la porte d’entrée pour la suivante. Vous êtes, dans les faits, dans la même situation qu’une personne en césure dans un programme long.
Ce frein que vous ressentez est parfaitement normal, pour les raisons évoquées plus haut. Ne vous laissez pas intimider !
Il vous reste à trouver de super stages et là il y a un enjeu fort ! Et puis, pas une mince affaire, à convaincre les parents… ces derniers sont encore plus gagnés par la peur du vide :-) !
François Morin
Coach Admissions
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